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Aix-primez-vous
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13 mars 2009

Beisson, Saint-Eutrope, Tivoli

Céline SERENA de la bibliothèque Méjanes à Aix-en-Provence avait le projet de faire parler les habitants de deux cités, réputées "sensibles". Pour cela, elle a fait appel à moi pour "récolter" des souvenirs des habitants de Beisson et Corsy.

Les souvenirs ne sont pas seulement un retour sur le passé. Les souvenirs sont notre identité, nos racines, notre histoire, l'histoire de nos parents.

Les souvenirs peuvent aussi participer à la cohésion sociale en resserrant les liens (même si nous n'avons pas le même ressenti, nous avons vécu les mêmes évènements...). 

IMGA0007

Lieu de rencontre (Centre Social Tivoli)

Nous nous retrouvons un après-midi, le vendredi 13 mars, autour d'une table au centre social Tivoli qui est le centre social des quartiers Nord de la ville.

Ca sent bon le café. Les personnes présentes, que des femmes, sont un peu inquiètes, intimidées aussi. Comment cela va-t-il se passer ? Que devront-elles dire ? Céline SERENA présente un peu le bibliobus et les rassure sur les propos que nous allons échanger. C'est une conversation tout à fait informelle à laquelle elles ont été invitées.

La conversation s'engage le plus naturellement du monde sur les équipements du quartier. Certaines regrettent la disparition de certains magasins. Sans même s'en rendre compte et sans même que j'ai à questionner les personnes présentes évoquent déjà le passé.

Il y a Do. -  Cl. -  L. - Cr. - Ca. - Ma. - Sa. - Vi -  Ay

Toutes se remémorent une sortie Hamman-Esthéticienne, organisée par le Centre Social. Elles regrettent que ça ne se fasse plus souvent. J'embraye sur cette apartée pour les faire d'abord parler d'elles-mêmes.

Dans le groupe une seule personne est née dans le quartier, Cr.

Cr : j'ai quitté la cité à 18 ans, pendant 2 ou 3 ans. Je me suis installée à la campagne. Au début l'air pur de la campagne, le chant des oiseaux, le calme m'ont fait du bien. Mais j'ai très vite craqué. C'était trop bon chic bon genre. On ne peut imaginer un noir, un arabe ou un "Portuguèche" dans ce village. C'est tout juste s'ils m'ont acceptée à moi. J'étais l'étrangère. Je n'osais plus parler ou seulement ouvrir la bouche ; plus rien !! Et puis, mon quartier me manquait. Et puis, ici à Beissons, ça vit beaucoup le soir en été, mais le reste de l'année, ça vit beaucoup pendant la journée et le soir quand tu rentres chez toi, c'est le calme ! Là-bas, c'était mort tout le temps !

Ca : les tuyaux d'échappement t'ont manqués ??

Cr : non, pas les tuyaux d'échappement, mais le contact, voir du monde ! Ici on se connaissait tous, ça vivait ! J'ai vu naître les enfants qui vont à l'école aujourd'hui. J'ai continué à mettre mon fils à l'école des Beissons. Je ne voulais pas qu'il aille à l'école du village où je vivais. Je faisais le trajet deux fois par jour et le midi, il mangeait chez ma mère. Maintenant, je ne partirai plus.

"Même Slimane l'épicier a fermé !"

Cl : moi, c'est le contraire ! Je suis habituée à la campagne et quand je suis arrivée ici, tout ce bruit m'a gênée. Toi tu supportes le bruit dans la cité, la nuit. Moi je ne supporte pas du tout le bruit des voitures et tous les autres bruits. Je suis née à Marseille et je suis venue ici très jeune, en 1964. J'ai suivi ma famille qui était installée ici. J'aime ce quartier, mais je le quitterais volontiers. J'ai envie de partir. Je préfère la mentalité marseillaise que celle d'ici. Les gens à Marseille sont plus communicatifs, plus chaleureux.

Do : c'est plus bourgeois à Aix. Enfin, quand on dit bourgeois, c'est beaucoup dire. Beaucoup de gens de la ville "jouent" les bourgeois. Je les vois faire.  Mais quand je regarde leurs pieds et que je vois les chaussures qu'ils portent, je comprends bien que ce ne sont pas des bourgeois.

Cl : Ils vont une fois dans leur vie dans les grandes boutiques, puis ils se promènent en exhibant leur sac avec une grande marque écrit sur l'emballage.

Ca : quand on va en vacances, on dit qu'on est Marseillais. Mes enfants ne veulent pas dire qu'ils sont Aixois. D'ailleurs les gens eux-mêmes, lorsqu'on dit qu'on est d'Aix, nous reprennent "Ha ! Vous êtes de Marseille !!" Oui, on sent une grande différence entre Marseillais et Aixois.

Ca : Je suis arrivée à Aix en 1994. Mon père s'était installé dans la ville. Je suis venue ici un peu par hasard. Ensuite, j'ai rencontré un garçon qui est arrivé ici par hasard et on est restés là par hasard !!!! Mais comme je venais souvent sur Aix, je n'étais pas dépaysée. Quand j'ai fait une demande de logement, on m'a dit "ne demande surtout pas Beisson" ! Sur le formulaire j'ai dit que je voulais habiter n'importe où sauf Beisson. Et c'est à Beisson qu'on m'a donné un appartement. J'étais quand même contente, car j'étais enceinte. Et puis, j'étais habituée à la vie bruyante d'ici, puisque ma grand-mère habitait dans la cité et je venais souvent chez elle. En été il fait tellement chaud que les gens restaient chez eux le jour et sortaient la nuit avec les chaises devant la porte, à rire et parler...... Quand on arrivait, ils disaient "Tiens ! Voilà les françaises qui arrivent" "Hooo ! La petite française est là ! Comment tu vas et patati et patata" ! Et l'information faisait le tour ! Ca ne m'a jamais gêné.

Cr : En même temps, ça rapproche beaucoup les gens. Tout le monde se parle. On vit encore beaucoup dehors. L'été, ici, ça vit beaucoup. Il y a le barbecue, on met les tables, on mange. Il y en a même qui mettent des petites piscines pour les enfants. Avant on allait au plan d'eau de Peyrolles, mais ils ont tout changé. Ils ont mis un parking qui a brûlé toute la pelouse et puis c'est trop dangereux. Il y a eu plusieurs accidents. Ici, tout le monde se parle. C'est normal. Les grands-mères on vu naître tout le monde. On voit grandir les enfants. On les connaît bien.

M. : l'autre jour, j'ai rencontré X.... Il m'a vouvoyé. Je lui ai dit "Ho ! Tu me dis vous ? Je suis jeune pour que tu me vouvoies" ! Ben il m'a répondu "Vous êtes vieille, puisque vous avez des enfants !"

Cl : Nous on trouve que le quartier est calme. Il n'y a pas de problème. Pourtant les gens de la ville voient Beisson comme un quartier qui craint.

Cr : Au niveau délinquance, il ne se passe plus rien ! On n'a pas de problème !

Ca : mais quand même, il y a 3 cités ici : Saint Eutrope, Tivoli et Beissons et les gens ne se mêlent pas trop entre cités. Quand il y a un anniversaire d'enfants à Tivoli, la maman n'invitent pas les enfants de Beissons : " ha, non ! Il vient de Beisson, celui-là !"

"ha non ! Lui ne peut pas venir à l'anniversaire de mon fils, puisqu'il vient de Beisson"

Cl : Dans les magasins, ils regardent méchamment les jeunes qui viennent faire nos courses. Un jour, j'ai envoyé mon fils dans le magasin X.....faire des courses. C'était l'ancien propriétaire. J'ai donné un billet de 50 euros à mon fils. Quand il est revenu, il me dit "maman, le monsieur m'a donné 20 euros en moins". J'y retourne et le marchand me dit que "non ! c'est pas vrai ! Mon fils ne lui a pas donné 50 euros. Que mon fils c'est un menteur". J'ai dit "Pardon ??". Mais en discutant avec lui, je me suis aperçue qu'il abusait de la bouteille. Alors, je l'ai menacé d'appeler la police. Et sa femme lui a demandé de me rendre 20 euros. Les gens ont peur des enfants et des ados ! Dès qu'ils voient des jeunes, ils pensent qu'ils vont créer des problèmes. Comment faire ? Où on les met ces ados ? On les enferme ? Il n'y a rien pour eux ! Il n'y a pas de cinéma, pas de salle de jeux, rien de rien ! Et ça a toujours été comme ça !

Ca : un jour, je suis entrée dans ce magasin avec mon fils. La vendeuse elle le suivait. J'ai dit "mais il est avec moi ! Pourquoi vous le suivez ? Vous le tentez, là !" Dès qu'ils voyaient un garçon avec une casquette sur la tête, ils s'en méfiaient !

Ca : A une époque, il y a eu des problèmes de drogue. Mais maintenant, les problèmes de drogue sont plutôt dans les quartiers riches. Il est hors de question que je mette mes enfants dans des collèges privés.

Cl, Cr, Ca, Ma :

- avant on respectait nos parents. Et ce n'est pas une question de culture, mais d'éducation : on ne fumait pas devant eux ; on ne parlait pas quand il y avait du monde. Maintenant, les enfants ils se mettent au milieu des grands  et ils tatchent en même temps.

- Quand mes parents recevaient du monde à la maison et que je parlais, ben ils me disaient de me taire !

Cl : A une époque c'était très dur. Quand on sortait, on se disait "mais qu'est-ce qu'il va m'arriver ? Est-ce que je vais être cambriolée ? Est-ce qu'on va me casser la porte ?" Mais ça a bien changé. La jeunesse d'avant, elle se foutait complètement de donner le mauvais exemple aux petits.  Elle ne respectait personne. Ces jeunes ont grandi, ils sont devenus parents et ils ne veulent pas que leurs enfants agissent pareil, alors ils sont très sévères avec eux. Maintenant, les enfants sont vraiment polis. Il y a vraiment une prise de conscience. Et la réputation de Beisson est toujours mauvaise. Mais ça met des années pour changer ces choses-là !! D'ailleurs, il y a des gens qui reviennent aux Beissons. Peut-être qu'il ne supportent plus la vie au centre ville où les gens ne se disent pas bonjour, ne savent pas que la petite vieille qui habite à côté ou au-dessus de chez eux à besoin de quelque chose. En ville, ils n'en ont rien à cirer de ça. Tandis qu'ici, tout le monde se connaît. Il y a toujours eu beaucoup d'entraide. Si tu as besoin de café, tu peux aller chez la voisine.....

Ca : Ben ça, c'est bien pratique, d'autant plus que Slimane a fermé. La Mairie ferme les commerces les uns après les autres. Avant il y avait plein de petits commerces : la droguerie, le tabac, la boulangerie....à mesure, tous les magasins ferment. Il ne reste que la pharmacie. Pour faire les courses, ont est obligés d'aller en bas. Descendre, ça va c'est facile, mais quand il faut remonter la côte, avec les courses dans les mains, ben c'est pas agréable. Surtout pour les mamies, les pauvres ! Alors, elles ne sortent plus beaucoup. Et puis, il n'y a pas de distributeurs. Il y a une poste, mais pas de guichet de retrait. Alors, le soir, quand tu dois descendre pour aller acheter ton pain et que tu dois remonter...

Do : ben, tu n'as qu'à te lever le matin et acheter ton pain pour la journée !!!

Ca, Ma, Cr : avant on avait un bon boulanger. Maintenant, c'est du pain déjà prêt et congelé qui se vend ici. Alors on descend pour avoir du bon pain.

Do : avant il y avait un petit marché. Mais un jour, la femme du maraîcher est partie, alors il n'est plus jamais revenu.

Cl : je pense qu'il y a un projet de destructions et de reconstructions ici. Les promoteurs sont dessus. Ils détruisent au fur et à mesure, immeuble par immeuble

Ca : On raconte que au début des années 50, un certain Monsieur Beisson qui était le propriétaire de ce terrain, a légué sa fortune à la ville et demandé à ce qu'on construise des logements sociaux et que ça reste des logements sociaux jusqu'en 2000 et je ne sais plus combien. Et là, on arrive à échéance et maintenant, ils veulent faire de ce quartier, un quartier grand standing à 3.000 euros ! Malgré qu'ils nous rassurent...... Parce qu'on est bien situé ici. D'un côté, on voit tout Aix et de l'autre la Sainte-Victoire. Et puis, l'air est pur.

"Ils nous enlèvent tous les magasins au fur et à mesure"

Ma : Mais ils nous enlèvent tout au fur et à mesure. Avant, il y avait un joli parc avec un toboggan. Quand le tobbogan s'est cassé, ils l'ont laissé longtemps tout cassé. C'était dangereux. Puis, ils l'ont enlevé et maintenant à la place, il y a un carré de cailloux, à crottes ! Là, où il y a la pharmacie, ils vont faire une grande entrée. Ils vont faire sauter le bâtiment.

Ca : ils veulent mettre les gens ailleurs. Moi, je partirais pas d'ici.

Ma : mais ils sont obligés de s'en aller. Puisque le bâtiment va être détruit. Alors, ils laissent pourrir les immeubles pour les détruire plus tard. Dommage, parce qu'on a tout sur place pour les enfants : t'as la maternelle, les crèches, la primaire, le collège. Il y avait un centre social, mais il était situé sur la route de la crèche, plus bas. Hé bien avant, c'était un très grand centre. Il a été démoli et ils ont fait un parking. Il y a bien 5/6 ans qu'ils l'ont démoli. Un petit groupe a tout fait pour qu'il ferme. Il avait de la concurrence. Il y avait un centre social en-bas et "ils" ont cassé les vitres, ils faisaient tout pour que ça ferme.

Le centre social

Sa : il y a toute une histoire avec l'ancien centre social qui a brûlé et qui a eu d'autres problèmes.

Ma : c'est Puyricard, une commune d'Aix, qui s'en occupait.

Ma - Ca - Cl (en même temps) : il y a eu de gros conflits. C'était Mme M. qui gérait le centre et une autre personne qui s'appelait N. est arrivée et ça a créé des problèmes. Puis Mme M. est partie et a été remplacée par Ch. Il y a vraiment eu beaucoup de problèmes pendant longtemps;

Ca : un jour j'ai mis mon fils au centre aéré pour qu'il se sociabilise. A cette époque, il ne mangeait pas du tout ! Hé bien, Ch. l'obligeait à manger, à le rendre malade.

Cl : un jour, j'ai entendu des gamins parler comme des charretiers. J'ai dit à Ch qu'elle devrait les corriger. Elle m'a répondu "j'ai pas que ça à faire toute la journée !!"

Sa : puis on est entrés dans ces locaux en 2004.  On voulait s'élargir un peu, être autonomes, mais on ne l'a pas été tout de suite, puisque Puyricard a continué à gérer le centre jusqu'en 2007 et puis on est enfin devenus autonomes.  Alors, c'était assez particulier, car la structure existait mais il fallait recruter un conseil d'administration. C'est Ch. qui s'en est occupé. Elle a demandé à plusieurs personnes du quartier d'entrer dans le C.A. Mais c'était très lourd, car il y avait des réunions tous les samedis. Tu t'en souviens Cr ?

Do : heureusement qu'il y a le centre social pour les animations. On fait plein de trucs ; il y a des sorties organisées. Une année on a fait la fête de la musique. C'était très sympa. Toutes les années on fait la fête des voisins ; ça se passe bien aussi et puis on organise une petite kermesse. On achète des petits lots et on fait participer les enfants : c'est 10 ou 20 centimes le jeu. Juste de quoi marquer le coup. Mais un jour, des mamans ont gueulé. Elles voulaient qu'on fasse participer gratuitement les enfants. Quelquefois on se retrouve entre femmes. On rigole bien ! On aurait aimé faire un loto, mais les magasins ne donnent plus rien et on ne peut pas faire payer 5 euros les cartons. C'est pas possible ! Avant les magasins donnaient des lots, des petits jouets pour les enfants. Maintenant, il n'y a que Mac Do qui donne encore !

Ca : c'est dommage, car c'est maintenant qu'il y a la crise et qu'on aurait le plus besoin d'aide !

Parfois pour se distraire, on va en ville en bus, on va au musée.

Va : mais vous savez que les musées sont gratuits le 1er dimanche de chaque mois ?

Ca - Do - Cl - Ma - Cr : Ha non ! C'est intéressant ça !!

Mais pour les jeunes, c'est moins évident. Ils n'ont rien, pas une salle, pas un endroit où se poser. Et quand ils se retrouvent ensemble devant les immeubles, ça crie !

Cl : c'est incroyable, à l'époque, je savais pas que le centre social avait ouvert ! Je savais qu'il y avait le centre aéré, c'est tout ! Il faut rappeler que les gens de Beissons ne se mélangeaient pas avec les gens de Saint Eutrope et j'habite Saint Eutrope, donc l'info passait un peu mal ! Auparavant il y avait le centre social de Saint Eutrope, puis il y a eu le centre social de Beissons ! Et il faut le dire, Saint Eutrope avant, c'était bourgeois et ils ne se mélangeaient pas ! Il n'y avait que les jeunes qui se mélangeaient. Il y a encore des gens qui ne se mélangent pas, mais ça va mieux, car il y a toutes les catégories sociales. Et puis, il faut le dire honnêtement, avant, il y avait surtout des Pieds-Noirs à Saint-Eutrope, et ils refusaient de se mélanger aux autres ! C'est malheureux de dire ça, mais c'est une réalité.

Do : et puis, ils se donnaient les appartements de père en fils ! Ils ne lâchaient pas les appartements comme ça !

Ca : A Beissons, il y avait une salle de la Mairie. Mais le gars la prêtait à qui il voulait. Un jour je suis allée le voir, il m'a dit "Non ! Non ! Je vous la prête pas"

Cl : Ou alors, il nous disait "avant telle heure, faut la libérer". Il faisait ce qu'il voulait.

Ca : un jour tout de même ils nous a prêté la salle. On avait décidé de se retrouver entre femmes et les enfants restaient avec les maris. Bon, des femmes sont venues avec leurs enfants. Dans la salle il faisait 50°. On est retourné dans nos appartements chercher des ventilateurs et on a passé un belle soirée ensemble. Et quelquefois ce sont les hommes qui se retrouvent entre eux. Ils vont à la Sainte Victoire, jusqu'au refuge. Ils vont jusqu'au "terrain" ....

L'Ecole :

Ca - Cl - Cr : on n'a pas souvenir qu'il y ait eu des problèmes ou des faits extraordinaires. C'est calme. Parfois on a eu des institutrices un peu particulières. Mme Y.... qui avait un air gentil, mais qui ne parlait à personne. Un jour elle est partie sans qu'on le sache. Le lendemain on ne l'a plus revue !! Et puis vous vous souvenez de la directrice qui était si antipathique. Un jour, elle n'a pas voulu que mon fils aille aux toilettes. Il s'est fait dessus et tous les enfants riaient de lui. Il est resté comme ça toute la journée. J'étais vraiment fâchée !

Do : vous vous souvenez de cette maman qui était toujours désagréable ?

Ca - Cr - Ma : Ha ! Tu veux parler de X..... ! Oui, quand elle entrait à l'école, elle poussait les enfants dans les couloirs en leur disant "dégage !" méchamment !

Cr : mais ce qui est débile c'est que l'année dernière les enfants de 3 ans n'ont pas été pris. On les prend de plus en plus tard pour réduire les effectifs.

Va : une maîtresse est partie à la retraite et n'a pas été remplacée !!

Cr : parce que mon fils, a deux mois près, il avait 4 ans quand il a pu rentrer à la maternelle. Alors qu'avant, ils rentraient à 2 ans et demi.

La vie en communauté

Il y a de tout ici : des Cambodgiens, des Africains, des Espagnols, des Italiens, des "Portuguèches", des Maghrébiens ! J'ai même vu des noirs qui parlaient anglais. Je crois que c'était des Américains !

Ma : mes voisins étaient toujours saoûls. Ils se massacraient. Quand on appelait les flics, ils répondaient avec un drôle d'accent traînant : "Alors ! Est-ce qu'ils sont alcoolisés ? Est-ce qu'il y a violence conjugale ? Bon ! Ne vous inquiétez pas on va passer !" Depuis le début de leur mariage ils étaient saoûls à longueur de journée. Un jour, le mari est venu frapper à notre porte et il criait à mon mari "so-ort de ta-ta-ta maison !" Mon mari a ouvert la porte. Le voisin avait un pistolet à la main. J'ai cru que j'allais mourir. En fait, le pistolet était un jouet. Bon on peut en rire maintenant, mais à ce moment-là, j'ai eu vraiment très peur. Mais les policiers ne prennent pas ça au sérieux. J'ai dû insister, leur dire combien j'avais eu peur pour qu'ils réagissent ! Un jour, les pompiers sont venus. Un pompier a demandé à la femme "alors, Madame, que vous arrive-t-il ?" Et elle d'une voix pâteuse, elle lui a dit "je t'em-t'em-mè-merde !!!!" ! Un jour le gars a poussé sa grand-mère de 94 ans qui vivait avec lui ! Après elle est allée en maison de retraite !

Ca - Cl - Cr - Va - Ay - Do : avant il y avait une police de proximité. C'était bien. C'était rassurant et ils étaient gentils. Maintenant, tu les vois dans leur voiture tourner autour des immeubles, regarder partout d'un air suspect.

Ca : quelques temps après que je me sois installée ici, un jour j'ai vu des policiers partout ; ça courait partout. J'ai dit "je bouge plus". Ca cavalait partout !!

Do : l'autre soir, il y avait au moins 3 ou 4 voitures de policiers. Mais c'est surtout le matin qu'ils passent ici et tournent dans la cité. Qu'est-ce qu'ils veulent prendre ? Les jeunes à cette heure-çi dorment !!

Faut qu'ils remettent la police de proximité. C'est plus sympa et on est moins tendus.

Cr : il faut savoir que Beisson c'est une cité. Tivoli, Saint Eutrope et Corsy sont des résidences. Bon, les gens de ces ensembles ne se fréquentent pas trop, excepté nous, qui sommes toujours ensemble ; mais il n'y a pas de problème ! Il y avait des problèmes, des conflits entre les cités voilà 30 ans environ. Mais c'est fini.

Il y a Do. -  Cl. -  L. - Cr. - Ca. - Ma. - Sa. - Vi -  Ay :

On a parlé de beaucoup de choses, mais est-ce qu'on a répondu à tes questions, Fanny ?

Fanny : Tout à fait et je vous remercie infiniment de votre accueil !

C'était chaud voilà 30 ans entre cités. Maintenant c'est calme !

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Commentaires
F
Merci Christelle ! J'espère que le site vous plaît à toutes !
C
parfais merci bisous a vendredi
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